Les bretons boivent-ils plus que le reste de la France ? C’est un stéréotype qui semble encore perdurer aujourd’hui mais auquel l’exposition « BOIRE » ne tort pas le coup. Les Champs libre, espace du musée de Bretagne à Rennes n’apporte en effet pas de réponse, mais choisi de mettre en avant l’acte social au travers d’une exposition extrêmement bien documentée et habilement scénarisée.
L’ethnologue britannique Mary Douglas donne la définition suivante : « Boire est un acte social accompli dans un contexte social reconnu ». Historiens, ethnologues et sociologues français se sont eux aussi souvent intéressés à l’acte de boire comme pratique sociale et culturelle car boire ensemble est à la fois synonyme de convivialité et riche de sens.
Si la boisson est consommée par plaisir ou par envie, boire est vital. C’est un besoin physiologique – nous ne pourrions pas vivre plus de 2 jours sans eau – qui a longtemps été difficile à satisfaire. En Bretagne par exemple, l’eau fût longtemps remplacée par le cidre pour épancher sa soif jusqu’à la généralisation des fontaines publiques à la moitié du XXème car l’eau était la plupart du temps impropre à la consommation.
L’exposition « BOIRE » traite de la boisson de manière assez globale. Le visiteur s’intéresse tout d’abord à l’eau avant de s’intéresser à l’alcool. Du besoin primaire, boire devient un lien social, une façon de tisser un lien, d’échanger, au coin du feu avec une tasse de café bien chaud, ou au café lieu d’échange par excellence.
L’intérêt du parcours imaginé par le scénographe Alexis Patras, est de montrer à la fois la diversité des boissons mais aussi leur évolution. Notamment celles des boissons fermentées, comme le cidre, le vin ou la bière, à qui l’on a pu prêter de nombreux bienfaits pour la santé, avant que l’évolution des connaissances scientifiques ne poussent à la modération et ne mettent en avant les méfaits d’une consommation excessive.
Du café, lieu de sociabilité, ou le « boire ensemble » structurait nos rapports aux autres, les jeunes générations sont passées à un mode de consommation tout autre. Est-ce la morosité, le doute, la perte de repère qui poussent nos jeunes à l’excès systématique d’alcools forts délayés dans des softs drinks et avalés directement au goulot. Ces rassemblement alcooliques se déroulant généralement dans la rue, assis sur un banc ou adossé à un coffre de voiture. Le seul objectif étant l’ivresse rapide et « violente » qui semble pouvoir effacer la volonté de se retrouver pour passer un bon moment ensemble.
Enfin l’acte de boire s’annonce comme révélateur : Par des codes – différents selon les sociétés – et les gestes qui l’entourent mais également par la manière de servir et bien sûr la façon de boire !! Déguster à petites gorgées ou avaler cul-sec ne donnent pas le même sens au verre servi, observer le buveur permet souvent de deviner qui il est et à quel milieu il appartient.
Le monde de la boisson s’expose aussi par des affiches qui peuvent faire sourire ou prêter à réflexion, par des tableaux et par des documentaires ou des extraits de film qui là aussi nous rappellent l’importance du « boire » et de tout son symbolisme.
Les Champs libres – Musée de Bretagne
Du 16 octobre 2015 au 30 avril 2016