Ouvert il y a un peu plus d’un an, le restaurant Nakatani ne fait pas beaucoup de bruit dans le landerneau gastronomique. Il est vrai que la rue Pierre Leroux n’est pas la plus passante du 7ème arrondissement, et pourtant, une fois le repas terminé, on se félicite d’avoir pousser la porte, et pour 45 € au déjeuner d’avoir vécu une si belle expérience.
La salle est sobre. Tons clairs, poutres peintes, aucune fioriture. L’intérêt n’est Là. L’odeur de vieux bois peu déranger lorsqu’on pénètre les lieux, mais se fait vite oublier. L’attention se portera sur la table et sur les plats servis.
Shinsuke Nakatani est un chef japonais installé à Paris depuis une quinzaine d’années dont neuf passées dans les cuisines d’Hélène Darroze. Seul derrière le passe de sa première adresse, le chef cuisine le terroir français mais avec ses influences nippones. Goûter sa cuisine c’est se souvenir d’un séjour au Japon. C’est retrouver cette précision que les japonais savent mettre dans leur assiette. Cette attention de chaque instant portée au dressage, aux goûts, aux textures. S’asseoir à cette table assure de garder en mémoire de très jolis souvenirs gourmands.
La mise en bouche donne le LA d’un repas qui se jouera sans aucune fausse note. Immersion dans la culture zen avec un bouillon. Pur, clair avec une fine lamelle de navet croquant, il vient comme une caresse nettoyer la bouche et préparer le palais pour la suite du repas. Seconde mise en bouche : Figue, haricot vert croquant et sauce légère, délicatement moutardée. Là encore en deux bouchée, on retrouve cet esprit de pureté, ce jeu de texture et de saveurs, nettes et précises.
Le regard se plaît à observer ces petits détails qui prouvent toute l’attention portée au client. Petit bouquet déposé sur des tables nappées, feuille ornant le beurre pour lui apporter ce petit plus. Le pain Ciabatta présenté en forme de bouchon laisse lui aussi percevoir ce souci d’esthétisme… et de goût une fois la mie déchirée et goûtée.
L’entrée souligne le travail méticuleux du chef dans la présentation mais aussi dans la conception. Une bonite grillée, servie froide, avec sa vinaigrette pomme gingembre et le navet noir présenté cru en chiffonnade, et cuit, en tronçons. La purée d’aubergine grillée apporte le contraste.
Le plat de viande me restera longtemps en mémoire. Par le goût des chairs mais aussi par leurs textures. Canard et cheval associés – sur proposition du serveur pour que nous puissions goûter les deux – accompagnés d’un croustillant de pomme de terre et d’une purée de girolles vinaigrée. Le canard au sang est incroyable, cette chair savoureuse et fondante, ce gras qui soutient le goût et la peau croustillante qui parfait la dégustation. Le cheval affiche toute sa noblesse. Une cuisson précise, chair fondante, un goût rare qui marque les papilles peu habituées à la chose.
Le sorbet banane ananas fruit de la passion montre à nouveau la maitrise du chef dans ce jeu de texture et d’équilibre. Tout est là. Le dessert réjouit. Cubique, il allie des dés de cheesecake, de pomme pochée au thé Earl Grey, relevé d’un trait de caramel gingembre. La texture des pommes et leur parfum surprennent. La pureté du thé Earl Grey impressionne. La fraicheur du gingembre dans le caramel, et cet appareil cheesecake. Dessert parfait.
La carte des vins si elle propose quelques jolis flacons, ne permet malheureusement pas à toutes les bourses de s’offrir une bouteille et c’est dommage. Le service en revanche est un modèle du genre.
27 rue Pierre Leroux
75007 PARIS
01 47 34 94 14
Fermé dimanche et lundi