Installée depuis le début du XXe siècle sur l’île Saint Louis, la brasserie éponyme joue sur le charme de son ambiance surannée…
Vendredi soir, 20 heures, l’île Saint Louis est bien calme, la brasserie de l’île Saint Louis aussi. Le décor datant des années 1950 n’a pas changé, le comptoir en bois, l’ancienne machine à café, la salle aux murs jaunis, les tableaux et les affiches sont du même acabit. Le temps semble suspendu.
Quand les touristes manquent
La grande salle est vide, ou presque. Deux ou trois touristes, autant d’habitués mais il en manque encore pour faire vivre les lieux. Les serveurs tournent autour du bar et paraissent un peu décontenancés par ce manque d’activités. La carte est figée, un peu comme hors du temps. Les poireaux vinaigrette et la salade de tomate sont servis toute l’année, comme la choucroute et le cassoulet. Parmi les classiques bistrotiers, on troue aussi l’onglet à la fondue d’échalotes, la sole « belle meunière », la raie au beurre noisette, et l’entrecôte beurre maître d’hôtel. Mais aujourd’hui cette formule fait-elle toujours recette ? Quand le touriste ne vient plus, on s’aperçoit que le client parisien n’est plus séduit par cette gastronomie « hors d’âge ».
Dans l’assiette
Si les appellations sont désuètes, la présentation des assiettes n’affiche pas plus de modernité, elle est sommaire, et l’esprit « cantine » est assez proche. Les harengs, déposés sur le bord de l’assiette sont présentés avec quelques pommes de terre et un mesclun de salade, sans omettre la sempiternelle tranche de tomate. Le persillé de Bourgogne est associé aux mêmes condiments, et n’est pas épargné par un trait de sauce faisant office de « stylisme » culinaire. Les pommes de terre cuite à l’anglaise trônent, blafardes, près de la sole meunière et de quelque épinards, le haddock est servi avec un chou à choucroute et une sauce dont on voit peu l’intérêt. Quant au dessert pas beaucoup plus de surprise. Crème caramel, tout à fait honorable, millefeuillé « monté maison » et mousse au chocolat plutôt addictive.
Pourquoi y être allé
Je dois l’avouer, c’est la curiosité qui m’a piqué !! En recevant l’invitation du service de presse chargé d’assurer la communication du restaurant, je me suis demandé pourquoi un tel endroit, situé sur l’île Saint Louis, pouvait avoir besoin de communiquer. J’ai compris après y être allé. Ce n’est pas, comme dans de nombreux cas, d’un service de presse que cet établissement a besoin, mais d’un consultant culinaire qui mettent un peu de sang neuf dans une carte qui n’a pas du bouger depuis des années.